L’ectasie cornéenne est une atteinte oculaire progressive caractérisé par un amincissement et une courbure modifiée de la cornée, qui peut engendrer une déficience visuelle modérée à grave. L’ectasie cornéenne peut d’une part se traduire comme un processus progressif et dégénératif non-inflammatoire comme le kératocône ou la dégénérescence pellucide marginal, mais également par un effet iatrogène survenant à la suite de traitements chirurgicaux comme le LASIK. Les deux entités pathologiques sont caractérisées par un amincissement progressif et une courbure cornéenne accrue. En conséquence le suivi est indispensable afin d’éviter toute progression qui pourrait être traité par cross-linking. Les mesures nécessaires pour décrire la progression de l’ectasie cornéenne consistent à analyser la kératométrie maximale, l’épaisseur et l’élévation postérieure de la cornée. Tandis que la kératométrie maximale peut être mesurée par un grand nombre de dispositifs médicaux, il est obligatoire de posséder un tomographe d’élévation postérieure afin de mesurer la pachymétrie et l’élévation postérieure cornéenne. De nos jours les topographes cornéens sont basés sur la kératographie vidéo (Placido, caméra Scheimpflug) comme le Pentacam d’Oculus (Optikgerate GmbH,Wetzlar,Germany) qui met en avant la courbure antérieure et postérieure. Bien que cette méthode soit fiable dans la détection des kératocônes précoces ou des dégénérescences pellucides marginales avec cornée claire, il est possible de rencontrer des problèmes dans les kératocônes avancés ayant subi divers traitements ou haze post cross-linking. Les opacités cornéennes entraînent la diffusion de la lumière, ce qui réduit la précision du topographe et son évaluation numérique. Par exemple lors de mesure post cross-linking l’épaisseur cornéenne est considérablement sous-estimé avec la caméra Scheimpflug tandis qu’elle donne un résultat identique en utilisant la pachymétrie par ultrason ou l’OCT.
Afin d’illustrer ces résultats, nous présentons un cas d’ectasie post-LASIK par microkératome ainsi que le suivi post cross-linking. Comme nous pouvons le constater sur la figure 1, le volet cornéen du LASIK a une épaisseur de près de 280 microns, ce qui donne une pachymétrie stromale résiduelle d’environ 240 microns. La partie inférieure semble remplie de « tissu salzmannoïde » et d’épithélium (*)
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le MS-39 donne une pachymétrie minimale de 427 microns située en inferieur, à une distance de 1 mm, du sommet de la cornée (figure 2), conformément à la pachymétrie donné par ultrasons et caméra scheimpflug (figure 3B). L’image scheimpflug est transparente et ne montre aucun signe d’« hyper-réflexion» (figure 3A).
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Un mois après le traitement cross-linking, les examens ont répétés avec AS-OCT et topographe Scheimpflug . La section OCT prise par le MS-39 (Figure 4) montre les effets du traitement (ligne de démarcation estimé à 90% de la profondeur stromale totale). Les cartes topographiques cornéennes présentent une morphologie similaire aux cartes préopératoires (figure5), qui sont en accord avec les résultats cliniques, avec une pachymétrie minimale de 431 microns mesuré par ultrasons.
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Cependant la ligne de démarcation n’est pas clairement détectable sur les images Scheimpflug (Figure 6A), et montre une plus grande dispersion lumineuse créée par un haze stromal, ce qui explique probablement pourquoi l’épaisseur cornéenne est sous-estimé à 415 microns (Figure 6B). Trois mois après la procédure, la ligne de démarcation est toujours visible par le MS39 contrairement à l’image Scheimpflug. Cependant la dispersion lumineuse à totalement disparue et la mesure pachymétrique est à nouveau comparable à celle de l’AS-OCT.
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L’OCT cornéen permet de rendre les mesures de la courbure postérieure et de l’épaisseur cornéenne plus fiables avec une faible dépendance à la transparence et régularité cornéenne, par rapport à l’imagerie Scheimpflug. De plus, la résolution HD des sections cornéennes par OCT permet une définition plus précise des détails cornéens, utile afin d’évaluer la progression d’une ectasie ou estimer la profondeur de ligne de démarcation après cross-linking.
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