En octobre 2021, lors du congrès de l’ESCRS, la compagnie italienne CSO a réuni des leaders du segment antérieur afin de faire part de leur expérience concernant l’appareil d’analyse du segment antérieur de pointe, le MS-39, qui les a aidés à établir des diagnostics cliniques précis et à sélectionner avec succès les patients pour la chirurgie réfractive.
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Combinant la topographie cornéenne à disque Placido et la tomographie haute résolution du segment antérieur basée sur l’OCT, l’AS-OCT MS-39 de CSO Italia offre une qualité d’image exceptionnelle, des capacités avancées de mesure des couches épithéliales et stromales, une aberrométrie cornéenne complète et un dépistage inégalé du kératocône. Le MS-39 permet aux cliniciens d’accéder à des données détaillées sur la pachymétrie, les élévations, la courbure et la puissance réfractive de la surface cornéenne. En plus de cela, l’appareil peut effectuer des calculs de lentilles intraoculaires IOLs basés sur la technique du Ray-Tracing, des mesures du diamètre pupillaire ainsi qu’une analyse avancée du film lacrymal. Mais quelle est l’importance de toutes ces fonctions pour les spécialistes actuels du segment antérieur dans leur pratique quotidienne ? En octobre 2021, cinq experts renommés ont exploré ce domaine en détail.
Le secret d’une chirurgie réussie : la sélection des patients
La présentation de Dan Reinstein, « Le MS-39 : La lampe à fente du 21e siècle pour développer votre pratique réfractive », a mis en évidence les progrès incroyables réalisés dans le domaine du diagnostic du segment antérieur au cours des deux dernières décennies ainsi que la différence que ceux-ci ont apportée aux résultats de chirurgie réfractive. Il a souligné que ce succès dépend de la sélection précise des patients pour les procédures réfractives se basant sur une analyse détaillée du segment antérieur grâce aux outils disponibles. Il a rappelé le moment où, il y a quelques années, il a vu pour la première fois le MS-39 et a réalisé que cela marquait le début d’un nouveau chapitre dans la chirurgie réfractive – l’ère du système de diagnostic « extremement précis ». Pour Reinstein, le profil des épaisseurs épithéliales est l’élément d’information crucial lors de l’évaluation de la cornée, et la fonctionnalité de cartographie épithéliale du MS-39 a fait qu’une fois l’appareil commercialisé, il a immédiatement acheté cinq dispositifs pour toutes ses salles d’examen. Se basant sur des études de cas tirées de sa pratique clinique, Dan Reinstein a montré comment la mesure de l’épaisseur épithéliale et l’utilisation de ces résultats afin d’exclure les cas de kératocône avéré et frustre peut aider à sélectionner avec succès des patients pour une intervention LASIK ; des patients qui auraient autrement été écartés en raison d’un kératocône suspecté sur la seule base des mesures topographiques (1).
Rayons de courbure et détection du kératocône
Juan Guillermo Arbelaez a présenté ses conclusions dans son article « Dépistage et gestion du kératocône et traitement par ICRS à l’ère de l’AS-OCT ». Arbelaez a comparé les courbures sagittale et tangentielle, définient sur la base de méridien et ignorant la composante orthogonale, avec la courbure gaussienne qui ne présente pas cette approximation et est indépendante de l’axe, ce qui la rend, selon Arbelaez, « extrêmement utile pour définir l’ectasie ». En utilisant divers cas à titre d’exemple, Arbelaez a montré comment le MS-39 utilise des indices spécifiques pour identifier les problèmes d’ectasie et autres fragilités cornéennes, en utilisant les cartes gaussiennes antérieures et postérieures, les mesures d’élévation, d’épaisseur épithéliale et stromale pour indiquer des points localisés plus cambrés, plus minces ou plus élevés de la cornée. Il a également mentionné un nouvel indice de symétrie, qui évalue la partie centrale de la cornée en la comparant à la zone qui l’entoure, et qui est donc très utile pour identifier les cas de kératocône central et aider à la classification correcte de l’affection.
Exactitude et précision
Dans son article intitulé « Sizing de l’ICL rendu facile, reproductible et pratique : le modèle LASSO « , Karel Van Keer a parlé de la possibilité d’obtenir de meilleurs résultats lors de chirurgie par implant phake (ICL) grâce aux données fiables fournies par le MS-39. Comme l’a expliqué M. Van Keer, l’un des aspects les plus importants pour la sécurité de la chirurgie par ICL est la flèche, qui consiste à déterminer le bon espace entre la face postérieure de l’ICL et la capsule antérieure du cristallin. Si la flèche est trop faible, elle peut entraîner la formation de cataractes, et si elle est trop élevée, elle peut réduire l’ouverture de l’angle de la chambre antérieure et entraîner des problèmes de pression intraoculaire. Les implants étant disponibles en quatre tailles différentes, il est essentiel de choisir la bonne taille pour le patient afin de se rapprocher au mieux de la flèche parfaite de 500 µm. C’est là que les données préopératoires précises fournies par le MS-39 entrent en jeu. Lorsque le modèle de régression LASSO a été utilisé pour la prédiction de la flèche postopératoire, les données étaient extrêmement proches de la taille de flèche souhaitable (avec une différence maximale de seulement 2,61 µm) et la répartition des résultats était très faible. La combinaison des mesures précises obtenues avec le MS-39 avec le modèle LASSO a permis de développer une formule permettant d’obtenir de meilleurs résultats pour les patients bénéficiant d’une chirurgie ICL.
L’importance de la cartographie épithéliale
Jorge L. Aliò del Barrio, dans sa présentation intitulée « Cartographie de l’épithélium dans l’évaluation de la chirurgie réfractive au laser », a exploré le sujet de la topographie cornéenne moderne ; selon ses termes « un outil de diagnostic essentiel pour toute clinique d’ophtalmologie ». Il a souligné le fait que les appareils modernes combinent diverses caractéristiques ; telles que les dernières technologies Placido et AS-OCT, et bien d’autres ; pour fournir des données et des mesures de haute qualité afin d’aider les spécialistes du segment antérieur dans leur diagnostic, leur évaluation préopératoire et postopératoire. Selon Aliò, ces fonctionnalités devraient inclure l’évaluation topographique de dernière génération, les cartes épithéliales, l’aberrométrie, la pupillographie, l’AS-OCT HR (cornée, AC, angle, cristallin), la biométrie du cristallin et le calcul des IOL, ainsi que l’évaluation de l’œil sec (comme l’analyse du film lacrymal). À l’aide de divers exemples de topographie de candidats à la chirurgie réfractive, comme le corneal warppage, le kératocône clinique et subclinique ou encore la pseudo ectasie, Aliò a démontré la valeur précise de l’épaisseur épithéliale et stromale de la cornée, en étayant son affirmation par des preuves (2, 3).
Cross-linking à la lampe à fente
Farhad Hafezi, leader dans le domaine du kératocône, a présenté le C-eye : un appareil d’irradiation UV portable, alimenté par batterie, qui permet aux cliniciens de pratiquer un cross-linking cornéen en salle d’opération ainsi que sur une grande variété de lampes à fente, en économisant du temps et de l’espace et sans nécessiter d’infrastructure coûteuse. M. Hafezi a présenté un certain nombre de protocoles épi-off et épi-on, montrant les capacités de l’appareil, qui est capable de fournir une irradiation UV-A continue et pulsée. La cornée étant plus épaisse en périphérie, le profil d’irradiation du C-eye y délivre plus d’énergie qu’au centre de la cornée
Conclusion
Qu’il s’agisse de la détection et du diagnostic du kératocône, de la sélection des patients pour la chirurgie réfractive ou du choix des meilleurs paramètres pour la chirurgie ICL, les multiples fonctions du MS-39 aident les grands spécialistes du segment antérieur à mieux comprendre les problèmes visuels de leurs patients et à choisir le plan d’action le plus approprié pour y remédier.
References
1/ DZ Reinstein et al., “Stability of LASIK in topographically suspect keratoconus confirmed non-keratoconic by Artemis VHF digital ultrasound epithelial thickness mapping: 1-year follow-up,” J Refract Surg, 25, 569 (2009). PMID: 19662913.
2/ A Vega-Estrada et al., “Corneal epithelial thickness intrasubject repeatability and its relation with visual limitation in keratoconus,” Am J Ophthalmol, 200, 255 (2019). PMID: 30689987.
3/ I Toprak et al., “Diagnostic value of corneal epithelial and stromal thickness distribution profiles in forme fruste keratoconus and subclinical keratoconus,” Cornea, 40, 61 (2021). PMID: 32769675.